Je réédite ce billet écrit en novembre 2008 avec une petite mise à jour car en ces temps de crise, de harcèlement moral et les vagues de suicide chez France Telecom, commencer à écrire un blog peut être salutaire.
Ma passion pour bloguer en vérité m’est arrivée il y a maintenant plus de 4 ans et 1/2. (je ne parle même pas des pages html que je faisait sur geocities au siècle dernier. Pour faire court sur mon histoire privée, je me suis absenté de mon job pendant trois mois pour des raisons privées. Tout comme le train, une aventure peut en cacher une autre et le 5 aout 2005 quand je suis revenu en France, j’ai appris ma mise au placard officielle pour aucun motif avoué, mais je ne crois pas aux coïncidences, mon absence prolongée de trois mois n’avait pas plu à tout le monde.
Certains et beaucoup pourraient tomber dans une déprime profonde, d’autres non. Pour ma part, j’ai comme philosophie de prendre tout du bon côté (pas facile tout le temps) et cette placardisation qui a duré 1 an avant de finir par un licenciement, a été pour moi et restera pour moi, une de mes meilleurs années. Ce même jour de placardisation, j’ai commencé à bloguer un journal de bord qui s’appelait « vivvementquejemecasse » blog qui a disparu depuis longtemps mais qui doit trainer sur un de mes disques durs, et il est prêt à ressurgir si besoin est.
Par ce billet je voudrais donc résumer pourquoi il est bon de bloguer en toutes circonstances et surtout en circonstances adverses comme celle d’une placardisation.
Pourquoi donc bloguer quand on est dans un placard?
- Il est important de bloguer tous les détails qui vous parviennent et surtout les dates. Cela vous permettra par la suite de bien rédiger vos lettres de contestation et autres documents officiels. Aucun détail ne vous échappera et ça impressionnera vraiment vos adversaires.
- En fait ce n’est pas un blog, mais deux blogs qu’il faut créer, celui de votre aventure présente, mais le blog de votre cop d’après le coup d’après et commencer à étudier dur la suite ce serait donc le sujet de votre deuxième blog. Un blog emploi, je dirais, ou un blog plan B.
- Ecrire un blog au bureau ou le faire sur un carnet donnera l’impression aux autres que vous êtes toujours dans la course et que vous avez un boulot de fou. On aime pas les loosers dans notre société. Dites toujours que vous êtes en mission spéciale (ok ça marche que pour les grosses entreprises)
- Faites des recherches pour voir si d’autres blogs ne relatent pas les même faits dans d’autres entreprises et formez une communauté dynamique des placardisés.
- Bloguez sur le droit du travail et commentez tout ce qui a trait au harcèlement moral et autres sujets qui de prêt ou de loin sont connexes à votre problème. Le droit qui n’est pas ma tasse de thé, m’a permis de découvrir un autre monde, j’ai pu également aider certaines personnes qui étaient dans la même situation que moi, vue qu’en quelques mois j’en connaissais un rayon sur le sujet.
- Faites des revue de presse, organiser une veille sur votre placard, c’est toujours extrêmement instructif
- Lisez des livres sur le sujet et faites en des synthèses dans votre blog
- Bloguez discrètement, les réseaux informatiques sont truffés d’espions. Une DRH peut très bien prendre le contrôle de votre pc et lire exactement ce que vous faites sur votre écran. Alors débranchez votre pc du réseau et bloguez sur une clès USB pour ensuite coller ce que vous avez écrit sur votre blog quand vous êtes chez vous. Si vous n’avez pas accès à l’informatique, le carnet papier suffira.
- Faites en sorte que votre blog ne se retourne pas contre vous, bloguez anonymement. On pourrait vraiment vous licencier pour faute grave. C’est d’ailleurs l’objectif dans certaines entreprises. Alors ne leur tendez pas la perche.
- Ne citez jamais de nom dans votre blog, mettez des surnoms (gros rougeot, judge dread, le bossu, l’homme au pistolet d’or, capitaine crochu, maria la Co….)
- Si vous décrivez un peu votre job, faites en sorte qu’on ne puisse pas quand même découvrir qui vous êtes. Je me suis inventé comme job « chef déboucheur de chiottes des tours pétronas » par analogie à mon métier qui était à l’époque responsable des réseaux de transmission (une petite congestion internet, vous devez savoir ce que c’est, ça ressemble bien à des canalisations à moitié bouchées)
- Prenez le ton humouristique dans votre blog, ça va vous remonter le moral, ça va agir intrinsèquement sur votre attitude si vous bloguez avec humour. Si vous bloguez comme un looser, vous serez un looser « dis moi ce que tu blogues et je te dirais qui tu es« .
- Dans la même série, votre blog va structurer votre pensée et mettre les choses en ordre dans votre tête.
- Sur le même thème, bloguer va calmer votre colère, votre rancune envers ceux qui vous ont fait cette vacherie. Ça vous permettra peut être de sortir de votre dépression ou de ne pas entrer en dépression.
- Ayez comme objectif d’écrire un livre du type « bonjour paresse » vous bloguerez encore mieux (je ne me suis pas mis cet objectif à l’époque et je le regrette un peu ». Car en un an j’aurais pu vraiment écrire un livre de 300 pages sur le sujet.
- Bien sûr, monétiser votre blog de placard à donf, c’est quand même important d’apprendre un nouveau métier, et la pub dans un blog sert en partie à ça. En plus ça motive!
Évidemment, si j’avais lu ces conseils le jour de ma mise en placard, j’aurais peut être blogué de façon plus intense avec des objectifs plus précis, mais il fallait aussi que je m’occupe de ma petite famille et ma passion pour le blog m’est juste venu petit à petit. En même temps je préparais mon émigration au Brésil qui aurait d’ailleurs pu être le deuxième blog que j’évoque dans ce billet.
Ceux qui m’ont fait ça sont quand même une bande d’enfoirés mais heureusement que le chèque a quand même atténué la douleur!
@Cédric,
J’ai lu ton billet avec grand intérêt. Le pire c’est que tu te sois fait coincer et que tu te sois fait viré (à moins que cela ne t’ai pas donné un choc électrique pour repartir de bon pied)
Maintenant tu as fait une autre grande erreur pendant ces cinq ans!, tu n’as pas étudié. J’ai passé un DEUG d’anglais pendant l’armée car je n’avais rien à faire comme toi dans cette gare! Ton placard était un placard ultra doré car on ne t’a pas fait de harcèlement moral. Même aujourd’hui tout mes temps morts je les passe à étudier. Maintenant il ne faut pas s’apitoyer, ne pas avoir l’attitude de chien mouillé et surtout tirer des leçons de cette aventure. Tirer des leçons sur toi-même. Ce n’est jamais que de la faute des autres. Mon placard de 14 mois, m’a fait réfléchir sur mon attitude, je suis parfois arrogant et très souvent cynique et toujours ultra sûr de moi, alors ça ne plait pas à certains. Bon je te conseille de lire mon billet
Les objectifs long terme, quelques conseils du soir
Autre chose, il est plus judicieux de faire un lien vers l’article de mon blog que de faire un lien vers mon blog. Les personnes intéressées auront plus facilement accès à cet article.
bon courage
Salut, je voulais te dire que j’ai fait un lien vers ton article sur mon blog. En effet, celui-ci m’a inspiré, et ça m’a permis de raconter ma propre expérience que j’ai vécu…qu’en penses-tu?
@jack merci pour ta remarque sur les arts martiaux, c’est un bon complément au mental.
Dans ma longue période de oisiveté j’ai lu quelques livres de droit sur le sujet du harcèlement, je les ai potassé très dur et au final j’en savais plus que la DRH avec mes droits. Au bout du compte le réglement à l’amiable a eu lieu et tout est rentré dans l’ordre. En plus au final je suis devenu le bureau des lamentations, ça commençait à faire désordre. J’ai la chance d’avoir une déléguée synidicale qui m’a aidé. Quand elle a su ce qui se passait, elle m’a tout de suite appelé, car mon cas était pour elle très facile à négocier. « Placardisé après avoir été adopter deux enfants » ça faisait vraiment grosse tache. En plus je suis devenu un vrai militant pour la cause de l’adoption, j’en ai touché deux mots à quelques hommes politiques. Bref une vraie aventure! J’avais également la presse qu’il m’était très facile de contacter, un petit article dans le canard enchaîné avec un peu de théatre biensur, mais je n’ai pas eu besoin d’en arriver là!
vie la brahma et la caipirinha, on voit que tu es connaisseur!
Juste pour conclure
Il faut toujours faire d’un problème une opportunité
Pour être passé par là (et ce n’est pas encore complètement fini) j’abonde dans ton sens. Plus largement quand on est au placard (et dans mon cas avec une grosse pression pour que je parte, en bref du harcèlement) il faut savoir s’occuper : se former, écrire… et surtout ne pas oublier que d’apparence on est en position de faiblesse, mais qu’en fait on est en position de force. Je ne saurais que conseiller la pratique d’un sport martial (aikido en tete) pour se blinder avant de tenir bon 🙂
(et vive la brahma et la caipirinha)
@Jukien : le licenciement à l’amiable n’est rentré en vigueur que depuis cet été, avant ce n’était officiellement pas possible.
Retour d’expérience précieux, par contre il faut bien faire attention à rester anonyme car dans le cas contraire cela peut rapidement ce retourner contre son auteur.
Bonne continuation,
Pierre
Pierre et son denier billet..Barackobamania sur Facebook 😉
Bien sur, ma maison est grande ouverte!
hé hé hé
tu nous payes une tournée alors ?
😉
@jukien effectivement j’aurais pu négocier mon départ à l’époque, mais j’avais intérêt à m’accrocher jusqu’à une date importante, j’avais un plan de stocks option, il fallait que je reste jusqu’à la date d’exercice des stock options, je voulais le beurre et l’argent du beurre ce que j’ai eu au final.
Je trouve ça dommage d’en arriver là. N’est il pas plus simple de négocier directement son départ ? Au moins, tout le monde y trouve son compte, et de toute manière, c’est ce qui finira forcément par arriver…
Jukien et son denier billet..Le tour du web #5
@seoman, en fait c’est dur partout, mais cela dit grâce à ce blog disparu, je connaissais mes droits et je ne suis pas parti les mains vides 😉
J’ai eu un ami dans une grande boite qui lors d’un déménagement a été « oublié » avec juste un bureau, pc et un tel fixe .
les nouveaux occupants n’ont pas sur quoi faire de lui c’est un peu analogue à un placard….il a fini par partir de lui même
c’est rude la vie en entreprise 😉
merci pour ce post